Jean -Antoine tarda à publier ses premières œuvres, dont les Amours. Mais face au peu de succès devant ses vers, il connut plusieurs années d’errance et d’hésitations.
Clerc tonsuré -il était prieur de Marignac dès ses onze ans-, il avait d’abord vécu de bénéfices ecclésiastiques. Puis, après avoir chanté les noces du futur François II avec Mary Stuart, il obtint une pension que lui renouvelèrent Charles IX et Henri III. Devenu l’un des principaux poètes officiels des Valois ce n'est qu'en 1572 qu’il révéla vraiment la diversité de son talent et l’étonnante variété de son inspiration, en publiant, sous le titre d’Œuvres en rime, la première édition collective de ses œuvres. Pourtant cette œuvre était une page tournée dans sa carrière.
Abandonnant pour un temps le vers rimé, dans le cadre de l’académie de poésie et de musique qu’il avait créée, en 1570, avec le musicien Thibault de Courville († 1581), il entendait désormais se consacrer tout entier à la « poésie mesurée à l’antique ». Il pensait que les vers mesurés se prêteraient mieux que les vers rimés à la mise en musique. Fondée sur l’alternance de syllabes longues et brèves et conçue pour s’épanouir dans le chant polyphonique, cette poésie inspira plusieurs de ses collaborateurs musiciens.
Esprit inventif et tâtant de tout, il chercha aussi à réformer l'orthographe en s'appuyant sur la phonétique. Nouveautés dont témoignèrent, en 1574, les Etrénes de poezie fransoèze en vers mezurés ainsi que les Chansonnettes mesurées (1586), où intervenaient maints thèmes populaires.
Toutefois, la difficulté de la lecture de ses inventions sur le papier détourna les lecteurs d’une expérience pourtant musicalement intéressante.
Sans doute assombri par ce relatif échec, comme par les troubles civils qui déchiraient le pays et la maladie qui minait sa vieillesse, il demeura fidèle à sa vocation poétique qu’il mit au service de sa foi et de ses convictions humanistes : parallèlement à ses traductions des Psaumes, il offrit dans les Mimes, enseignement et proverbes, une curieuse anthologie morale versifiée où se mêlaient poésie sentencieuse, proverbes rimés, invectives satiriques et sombres prophéties.
Avide d'expérimentations littéraires, pionnier du théâtre protoclassique avec ses amis de la Pléiade, il laissa une œuvre immense, assurément imparfaite et insuffisamment relue, mais foisonnante de trouvailles poétique, l’une des plus riches de son siècle.
C’est en lisant un extrait de son testament que l’on apprend le lieu de son inhumation : le cimetière Saint-Nicolas du Chardonnet :
« Après avoir, en tant qu'il peult, ordonné de son ame attendant la resurrection de la chair en la vie eternelle, il ordonne son corps après que l'ame en sera partie, estre inhumé au cimetiere de l'eglise Sainct-Nicolas-du-Chardonneret, sa parroisse, et desire led. testateur estre mis et apposé sur sa fosse une grosse pierre rude pollie en ung endroict où seront gravez les motz qu'il laissera par escript pour convyer les parroissiens tous passans à prier Dieu pour son ame, se remettant de ce qui concernera ses obsecques et funerailles à la discretion des executeurs de son testament, et neantmoings les prie n'excedder en chose quelconque mais se comporter comme pour l'un des paroissiens de moindre qualitté, et du peu de bien qu'il laisse en ce monde led. testateur donne à la fabricque de lad. eglise Sainct-Nicolas-du-Chardonneret quatre escuz sol tant pour l'ouverture de la fosse que pour la permission de lad. Pierre »
C’est donc dans le premier cimetière Saint-Nicolas du Chardonnet qu’il fut inhumé. Avec sa disparition vers 1656, on ignore ce qu’il advint de la tombe et des cendres du poète.
A titre indicatif, certains de ses poèmes sont trouvables sur Youtube (poèmes lus).
Source principale :
-Dictionnaire encyclopédique de la littérature française -Ed. Robert Laffont (1999)