Les Valois directs ou les débuts de la Guerre de Cent Ans.
Le terme de « Seconde Guerre de Cent Ans » serait en fait plus approprié au déroulement de l’Histoire puisque de, environ, 1152 jusqu’à 1259 la France et l’Angleterre s’était déjà opposées à propos de l’Aquitaine. L’enjeu, cette fois, était la couronne de France.
Malgré ses tentatives à travers trois mariages d’assurer sa succession, Charles IV avait échoué entraînant la fin des Capétiens directs par les mâles. Face à cette situation, les Grands du royaume désignèrent comme roi Philippe de Valois dont le père, Charles de Valois, était le frère cadet de Philippe IV le Bel. Même le peuple plébiscitait le choix de celui qu’il appelait le « roi trouvé ». Mais cette belle unanimité française était loin de satisfaire tout le monde à commencer par le roi Edouard III d’Angleterre. N’était-il pas le fils d’Isabelle, la fille du grand Philippe IV ? Ses oncles étant morts et enterrés, il estima être l’héritier légitime de son grand-père. Situation d’autant plus délicate, que depuis qu’Aliénor d’Aquitaine avait déposé la Guyenne dans sa corbeille de mariage anglaise en épousant Henri II Plantagenêt en 1152, les rois d’Angleterre avaient l’obligation de faire Hommage aux rois de France comme vassaux vis à vis de leurs suzerains. Mais il s’agissait cette fois qu’un fils de roi s’agenouillât devant un fils de comte ! Malgré tout, en renâclant, Edouard III passa sous les fourches caudines françaises en 1329. Donc tout allait pour le mieux ? Que nenni. Depuis deux siècles que les souverains anglais devaient s’agenouiller devant les rois de France, leurs articulations, comme leur égo, en souffraient à chaque fois davantage. Si à ce conflit latent on ajoute les provocations des deux parties* et les préoccupations économiques de l’Angleterre**, la poudrière était prête à sauter. Edouard se décida à allumer la mèche en 1339.Edouard III n’était pas le seul à avoir une autre vision des choses. Jeanne de France « l’évincée » du trône grâce à « la loi salique » avait conservé son titre de reine de Navarre, s’était mariée au comte d’Evreux et avait engendré un fils qui lui aussi pouvait légitimement revendiquer la couronne. Ce fils s’appelait Charles de Navarre, plus connu sous le nom de Charles le Mauvais. Voilà la terre de France envahie et d’autant plus ravagée et meurtrie par les armées anglaises qu’Edouard, dérogeant aux règles de la guerre chevaleresque, engagea des « vétérans » qu’il autorisa à violer, piller etc…dans la foulée il nous infligea en 1340 la première défaite d’une longue série à la bataille de l’Ecluse .
La lutte fut d’abord de type féodal avec une population trop occupée à constater sa misère pour se sentir concernée. Puis, peu à peu, un sentiment national français s’éveilla qui se cristallisa autour de Jeanne d’Arc et contribua fortement à la défaite anglaise.
* Par exemple, Philippe VI confisqua la Guyenne aux Anglais en 1337, geste auquel Edouard III répondit par une déclaration de guerre.
** L’Angleterre voulait détacher les Flandres, centre du trafic lainier, de l’obédience française.
Entrecoupé de longues périodes de trêves, ce conflit peut être grosso modo scindé en quatre phases :
► Les vingt-sept premières années
Sous Philippe VI et Jean II le Bon, la France connut les désastres de l’Ecluse en 1340, de Crécy en 1346 puis la perte de Calais en 1347, et la grave défaite de Poitiers (1356). Au traité de Brétigny en 1360, l’Angleterre recevait le quart du royaume, sans obligation de vassalité ! En comparaison, les termes de «pâtées » et de Bérézina ont presque un air champêtre. La situation était terrifiante en France car à la famine, à la guerre, à l’effondrement économique, à une sévère crise religieuse, s’était rajouté un autre fléau : la peste noire.C’est aussi sous le règne de Jean II Le Bon qu’eurent lieu la révolution manquée d’Etienne Marcel et la révolte des paysans contre la noblesse. Bref, ces vingt-sept premières années furent particulièrement mouvementées !
► Les quarante-deux années suivantes
Ces quarante-deux années correspondent au seul règne de Charles VI sous lequel l’accalmie que la France connaissait prit fin.
► Le miracle avec l'intervention de Jeanne d'Arc sous le règne de Charles VII .
► La fin réelle sous le régne de Louis XI
Mais commençons par le début.
Dès le début son règne Philippe VI eut à cœur de prouver qu’il était digne du rôle qui lui avait été choisi. Un roi se devant d’exercer la justice, de défendre la foi, de récompenser les services rendus, d’apporter la prospérité à ses sujets, d’être sage et brave, Philippe VI s’appliqua à démontrer aussitôt qu’il était à la hauteur de toutes ces vertus.
Cependant, s’il avait des aptitudes pour les armes, c’est à dire les joutes et les tournois, il en avait peut-être moins pour la guerre même si son règne commença par une victoire à Cassel. Hélas, la défaite navale de l’Ecluse, qui donna à l’Angleterre une supériorité écrasante et le moyen de débarquer en Normandie, ce fut lui. Le désastre de Crécy, où malgré son courage il dut fuir laissant à terre la fine fleur de la chevalerie française, ce fut aussi lui. La capitulation de Calais, où seule l’intervention de la femme d’Edouard III permit de sauver la tête des fameux six célèbres bourgeois de Calais, ce fut encore lui, sans compter d’autres défections.
Des extrémistes religieux jetaient les Juifs au bûcher et la peste qui avait disparu depuis des siècles ravageait l’Occident.
Au milieu de toutes calamités, en 1349 Philippe avait pu acquérir la province du Dauphiné que son propriétaire, le prince de Majorque, ruiné, accepta de lui céder à la condition que le fils aîné du roi portât le titre de dauphin.
Mais la dernière année de sa vie allait lui mettre du baume au cœur. Après le décès de Jeanne de Bourgogne, Philippe, toujours en pleine forme, s’apprêtait à vivre un veuvage respectable lorsqu’il tomba éperdument amoureux de Blanche de Navarre de presque quarante ans sa cadette. Complètement béat, se laissant mettre sous la coupe de cette jeunesse, le roi, obsédé par ses prouesses galantes, ne survécut pas longtemps. Là où la guerre et la peste l’avaient épargné ses ébats conjugaux eurent raison de lui. Epuisé, Philippe s’alita, mais seul, et ne se releva pas. Il expira à l’abbaye de Coulombs près de Nogent-le-Roi. Il fut inhumé auprès de Jeanne de Bourgogne.