La bisexualité évidente du souverain n’était pas en elle-même offensante pour cette rude aristocratie, mais les avantages exorbitants et les honneurs que le roi leur accorda ainsi que le spectacle des minauderies de Gaveston et les décisions de Despenser indignèrent les barons qui se rebellèrent.
Profitant de la situation, les Ecossais reprirent l’avantage obligeant l’Angleterre à signer une trêve.
Marié à Isabelle de France, fille de Philippe IV le Bel, ce déplorable souverain dut aussi faire face à sa femme qui avait hérité de traits de caractère paternels. N'est-elle pas surnommée "la Louve de France" ? D’ailleurs, avec la France les relations se tendaient : Edouard, refusait obstinément de rendre hommage à son beau-frère, Charles IV le Bel roi de France, dont il était le vassal pour ses territoires gascons. Le compte à rebours pour le déclenchement de la Guerre de Cent-Ans était bien entamé.
En 1325, Isabelle censée négocier les termes d'un traité de paix avec son frère, débarqua en France où elle afficha ouvertement sa liaison avec Roger Mortimer. Quitte à débarquer, les deux amants, soutenus par les barons mécontents, décidèrent d’en faire autant sur les côtes anglaises pour chasser Edouard du trône. La flotte d’invasion arriva en Angleterre le 2 octobre 1326 contraignant le roi à fuir. Le 27 janvier 1327, il abdiquait en faveur de son fils, Edouard III qui, trop jeune, laissait la régence à sa mère et à son amant. Il était le premier Prince de Galles (1301) de l'histoire de l'Angleterre
Emprisonné, après des mois d’humiliations –couronné de foin, rasé avec les eaux stagnantes des fossés, exhibé dans les campagnes comme un pauvre hère- le malheureux allait connaitre une fin atroce. Une vague de sympathie étant apparue envers le roi déchu, un complot fut fomenté pour le libérer qui scella sa mort.
Afin d’éviter les traces d’un assassinat trop évident, après avoir chauffé un tisonnier qu’on lui introduisit dans le fondement, à l’aide d’une corne taillée à cet effet, on lui versa du plomb en fusion dans les intestins. Ses cris effroyables résonnent encore dans le château de Berkeley.
Il ne fallut pas longtemps pour que la rumeur propagea les circonstances malgré tout suspectes de cette mort.
Aucun monastère des environs de voulant se charger de la dépouille, elle resta un mois à Berkeley avant que l’évêque de Gloucester n’acceptât de la recevoir. Placé sur un chariot, le roi partit pour sa dernière demeure accompagné par un cortège des gens des environs. A chaque halte que fit le convoi, les paysans plantèrent un petit chêne dont certains sont encore visibles à ce jour.
Edouard II fut inhumé dans la cathédrale de Gloucester où l'on peut encore voir son tombeau érigé par son fils. Sans conviction, Edouard III essaya de faire de son père un saint national. Or, le culte populaire fonctionna au-delà de ses espérances. L'afflux de pèlerins permit de reconstruire et de doter la cathédrale des plus grands vitraux d'Angleterre.