Henry aimait les femmes. Trop sans doute. N'avait-il pas abusé d'Adèle de France, fille de Louis VII et de sa troisième épouse ? Le désenchantement d’Aliénor auprès de ce mari avec qui elle ne s’entendait plus guère, avait fini par une séparation du couple royal d'autant plus radicale qu'Aliénor fut emprisonnée durant quinze ans. Depuis, Henri vivait ouvertement avec Rosamonde Clifford, son grand amour dont la mort, en 1176, le bouleversa profondément.
En 1170, Henri II avait fait couronner Jeune roi son fils aîné, Henry le Jeune, mais sans l’associer au pouvoir. Pire, il avait redistribué son héritage en favorisant, Jean (futur Jean-sans-Terre), son fils cadet et préféré. Fort de son ressentiment, et sous d’autres prétextes, le Jeune roi, soutenu par ses frères Richard et Geoffroy, commença à fomenter une rébellion contre son père. Aliénor les encouragea dans leur action. C’est ainsi que les bienfaits de l’ensemble de son règne furent éclipsés par l’ignominie de sa fin : la trahison de ses fils, la ruine de son empire et sa reddition à son plus grand ennemi, Philippe II à qui s’était allié Richard.
Au début de l’été 1189, Philippe II et Richard envahirent l’Anjou, centre névralgique du pouvoir d’Henri II en France. Très affaibli, quasi mourant, il avait consenti à faire acte d’allégeance pour toutes ses possessions en France et à abandonner à Richard l’Angleterre et les terres des Plantagenêt.
Détail cruel, on lui avait présenté la liste de ceux qui avaient conspiré contre lui. Le premier nom était celui de Jean, son fils préféré, qui lui avait toujours été fidèle. Son autoritarisme lui avait aliéné tous ses proches jusqu’à sa perte.
« Que la honte emporte un roi vaincu ! » auraient été ses dernières paroles avant de mourir à Chinon.
Quand Richard vint saluer la dépouille de son père, on raconte que le nez d’Henri se mis à saigner à la grande épouvante des témoins : les cadavres ne se mettent-ils pas à saigner en présence de leur assassin ?
On déposa son corps dans la chapelle du château de Chinon. On le prépara pour son transfert à l’abbaye de Fontevraud où il avait souhaité être inhumé. On avait revêtu son corps de vêtements de lin ; de bonnes âmes lui trouvèrent une couronne, un sceptre et un anneau qu’on plaça dans son cercueil. Bien qu'il eut été abandonné par ses enfants, il fut inhumé par les archevêques de Tours et de Trêves.
Au 17ème siècle, l'abbesse Jeanne-Baptiste de Bourbon fit regrouperl es tombeaux des Plantagenêts en un imposant mausolée : le Cimetière des Rois. Lors de la Révolution, sa sépulture fut profanée et ses ossements, éparpillés, ne furent jamais retrouvés. Son gisant, de pierre polychrome et datant du 13ème siècle, est aujourd'hui exposé dans la nef de l'abbatiale.
Mais, la grande Histoire a parfois le sens de l’ironie : à leur mort, Aliénor et Richard furent inhumés à ses côtés.