Clovis Ier eut plusieurs enfants dont :
Thierry Ier, roi d’Austrasie né d’une aristocrate rhénane, et trois autres fils nés de Clotilde : Clodomir roi d’Orléans, Childebert Ier roi de Paris et Clotaire Ier roi de Neustrie.
Etre roi de Paris signifiait, outre le privilège d’avoir Paris comme capitale, régner sur un royaume comprenant les futures provinces d’Île de France, de Maine, de Normandie qui comportaient plusieurs évêchés. Ce sera la Neustrie à laquelle s’ajoutaient une petite partie de l’Aquitaine et Saintes.
Fils de conquérant, Childebert et ses frères n’en pensèrent plus qu’à la conquête. Comme une tumeur au sein de l’Empire franc, enchâssée entre les Alpes et la Loire, ayant échappé à la domination de Clovis : le royaume burgonde (la Bourgogne) avec Sigismond, cousin ou neveu de la reine Clotilde.
Après s’être débarrassé de ce roi, sous prétexte de le punir d’un crime, Clodomir et Thierry fondirent sur la Bourgogne. Clodomir mourut durant cette campagne.
A peine refroidi, Clotaire décida de s’emparer du royaume de son frère. Clodomir avait laissé trois fils comme héritiers : Gunther, Théodebald et Clodoald. C’est là qu’on retrouve Childebert qui fut complice de leur assassinat. Puis, avide de territoires et de butin, il accompagna Clotaire pour se saisir du royaume burgonde qu’ils se partagèrent.
Entre guerres les uns contre les autres, alliances, réconciliations et nouveaux conflits, Thierry, Childebert et Clotaire ne cessèrent d’être trois loups voraces tentant de s’entre-dévorer. Thierry mourut laissant ses deux cadets ennemis face à face.
Childebert, profitait des bénéfices de la guerre : royaume agrandi, population pressurisée par le fisc, frontières bien gardée. Il avait accumulé les trahisons, les crimes et les adultères sans craindre la justice de Dieu ni des hommes. Il s’ennuyait peut-être dans sa tranquillité acquise quand son neveu, Chramne, fils de Clotaire, eut l’idée de s’adresser à lui pour renverser Clotaire ! Childebert souscrivit à cette rébellion dont il ne vit pas le résultat désastreux pour Chramne.
Malade, il vivait retiré dans son palais. Sous l’influence de saint Germain, évêque de Paris, il avait enfin renoncé à ses désordres et avait ordonné à son entourage de l’imiter. Mais pour le rachat des péchés du roi moribond, Germain exigea plus : tout le trésor royal fut distribué aux pauvres de Paris.
De tous les fils de Clovis, Childebert, sous l’influence de sa pieuse épouse, Ultrogothe, fut le plus dévoué à l’institution monastique. De très nombreux monastères furent fondés de son vivant sur tout son royaume.
Pourtant sa première grande fondation ne fut pas un monastère mais la cathédrale de Paris dont il fit remplacer la petite église de bois par une grande église de pierre sous le patronage de Notre-Dame avant de disparaitre pour laisser place, des siècles plus tard, à la cathédrale Notre-Dame de Paris, que nous connaissons. Mais sa plus célèbre fondation est tout autre.
De son siège de Sarragosse en 542, Childebert avait ramené deux reliques : un fragment de la vraie croix (ou une croix en or ?) et la tunique de saint Vincent, martyr et protecteur de Saragosse.
Peut-être poussé par saint Germain, il confia à des moines la garde des précieux trésors et fit construire un monastère sous le double vocable de Saint-Vincent et de Sainte-Croix qui portera plus tard le nom de… Saint-Germain-des-Prés.
Childebert fut inhumé dans le chœur de l'abbaye le même jour (le lendemain ?) que sa consécration.
Au 12ème siècle, sa sépulture s'orna d'un gisant le représentant en demi-relief tenant d’une main son sceptre et de l’autre l’église de l’abbaye dont il était le fondateur.
En 1656, à l’occasion de travaux, on redécouvrit son tombeau avec ceux d’autres sépultures mérovingiennes qui avaient déjà été ouvertes par des ouvriers en 1645. Les restes de Childebert et d’Ultrogothe furent alors déposés dans la sacristie en attendant une sépulture plus convenable.
Le 4 octobre 1656, le sculpteur Michel II Bourdin (1609-1678) s’engagea à réaliser le tombeau de Childebert suivant le devis et le dessin qui lui furent présentés.
D’après le dessin original portant son paraphe, retrouvé dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale, il s’agissait d’un sarcophage en forme de bahut en pierre de liais, incrusté de marbre rouge et noir. Le gisant du 12ème siècle fut placé dessus.
Enveloppés séparément dans un linge de satin blanc, Childebert et Ultrogothe ils furent déposés dans un cercueil de plomb partagé en deux avec chacun une inscription gravée sur une plaque de cuivre :