Le père fondateur du royaume
Fils de Childéric Ier,il est le vrai père fondateur du royaume Franc et de la chrétienté dans le royaume. En faisant tomber le dernier bastion romain en Gaule détenu par Syagrius, en 486 à Soissons, Clovis offrait un royaume aux Francs.
Après avoir épousé Clotilde, ce barbare rusé, de par son baptême à Reims en 496 (499 ?) par l’évêque Remi, devint non seulement le protecteur de l’Eglise mais imposa le glas à l’arianisme.
On connaît aussi l’importance de Clotilde, celle par qui le catholicisme est arrivé. Cette amie de saint Remi vécut sa foi chrétienne sans limite. En construisant abbayes et monastères, elle a beaucoup contribué à faire de la France une nation catholique.
Egalement soutenu par la future sainte Geneviève, chef spirituelle et politique de Paris « la stratégique », il laissa à sa mort une œuvre administrative et politique qui, même inachevée, reste en partie la source de ce que nous connaissons aujourd’hui. Selon une tradition déjà bien implantée, pour assurer la pérennité de son trône, Clovis n’hésita pas à massacrer toute sa parentèle, des souverains de royaumes païens ainsi que ceux susceptibles d’absorber ses possessions.
Clovis : symbole et évocation
► Clovis savait l’importance d’être le premier roi chrétien et le premier roi sacré à Reims. Mais avait-il conscience qu’il devenait ainsi un symbole pour des siècles de monarchie qui allaient suivre ? Car c’est bien la volonté d’évoquer son image qui détermina les choix emblématiques de ses successeurs. D’abord par le nom qui, d’origine germanique, fut latinisé puis francisé en « Louis » que dix-huit de nos souverains porteront.
► En souvenir de l’onction qu’il reçut à Reims, et plus tard en celui du sacre de Louis Ier, vient de naître la tradition du sacre des rois de France en ce lieu, qui ne se terminera qu’en 1825 avec Charles X.
Un joyeux méli-mélo de légendes et de réalité, prit également racines dans la vie Clovis et de Clotilde : l’histoire de la fleur de lys qui devint l’emblème de la royauté, de l’oriflamme qui était la bannière des rois de France, de la sainte ampoule utilisée pour les sacres et du fameux cri « Montjoie ».
Clovis, qui était des plus omniprésents dans l’ancien régime, disparaîtra aussi avec lui. Et puis après le choc de la défaite de 1870 et les déchirements de la Commune, la nécessité d’une figure unificatrice se faisant sentir, Clovis devint l’élément réconciliateur du peuple français jusqu’à envahir les manuels scolaires républicains qui firent de son règne le départ de notre histoire.
Clovis meurt
Clovis tomba malade et mourut rapidement. Ayant décidé avec Clotilde que leurs sépultures se situeraient à proximité de celle de sainte Geneviève, ils firent édifier un mausolée, qu’ils espéraient dynastique, dédié aux saints apôtres Pierre et Paul. Il s’agit de la future basilique Sainte-Geneviève.
Fait rarissime, Clovis fut inhumé tout près de sainte Geneviève. Habituellement, les inhumations ad sanctos, c’est à dire près des corps des saints, avaient lieu à côté du sarcophage d’un saint martyr. Or, Geneviève n’était pas martyr. Ce choix s’adressait à la postérité. Il démontrait que, comme Geneviève, Clovis avait été l’homme de l’unité et confirmait la vénération qu’il portait à celle à qui il devait tant.
Le tombeau
C’est très agaçant, mais autant le dire de suite, on ne l’a jamais trouvé ou alors il a disparu depuis des lustres.
En 1807, on effectua des fouilles sous le sol de l’ancienne église abbatiale Sainte-Geneviève. Au milieu du chœur, sur le pavé couvrant des cercueils, on trouva un long piédestal qui portait le gisant de Clovis. Une inscription latine, qui datait de 1177, gravée sur un des côtés et traduite en français sur un autre, rappelait les principaux traits de vie du roi et faisait savoir qu’il était enterré en ce lieu. C’est sous cette statue que se seraient situés les cercueils de Clovis et des siens.
Cette inscription, publiée par les anciens historiens de Paris, fut remplacée par une autre, plus brève lorsque les chanoines de Sainte-Geneviève firent refaire en marbre le piédestal originairement en pierre.
CHLODOVEO MAGNO, HUJUS ECCLESIÆ FUNDATORI.
SEPULCRUM VULGARI OLIM LAPIDE STRUCTUM ET LONGO
ÆVO DEFORMATUM, ABBAS ET CONVENT. MELIORI OPERE
ET FORM RENOVAVERUN
Parmi les cercueils découverts, cinq furent attribués à Clovis et à sa famille. Confiés au musée des Monuments français, ils se sont évaporés...
En réalité, comme l’indique Patrick Périn dans Clovis et la naissance de la France, au moment de la mort de Clovis, le monument qui accueillait les reliques de Sainte-Geneviève n'était pas achevé. Ce fut Clotilde qui reprit alors la construction à son compte jusqu'à sa consécration à Pierre et Paul, par l'évêque de Reims, Remi.
Clovis aurait donc plutôt été inhumé, comme l'écrit Grégoire de Tours, dans le sacrarium de la basilique des Saints-Apôtres, c'est-à-dire dans un mausolée construit exprès à la manière de la sépulture qui avait accueilli l'empereur romain chrétien Constantin aux Saints-Apôtres à Constantinople.