Si ses débuts poétiques et littéraires, souvent signés sous des pseudonymes, sont discutés, plusieurs pièces qui composeront par la suite Les Fleurs du mal étaient déjà écrites en 1843.
Mais à son retour, dilapidant son héritage paternel dans une existence dorée de dandy, entretenant Jeanne Duval –sa maîtresse haïtienne et sa muse- Aupick mit à un terme ces folies, en 1845, en imposant une mise sou tutelle. Pendant les vingt-deux années qui lui restaient à vivre, la correspondance de Charles porta un témoignage presque quotidien des tortures qui lui étaient imposées. Mais malgré la misère, la maladie, les dettes, la faim et la « persécution des sots », il réussit à édifier une œuvre sublime.
Admirable critique d’art, accaparé un temps par la politique au moment de la révolution de 1848, à partir de cette période, il ne cessa de proclamer son admiration pour Edgar Poe dont il devint le traducteur attitré et qui fut, à sa façon, « le frère de coeur » en lieu et place de son demi-frère, Claude Alphonse Baudelaire.
Quelques uns de ses poèmes trouvaient place dans différents revues. Et puis il y avait l’amour qui stimulait son activité poétique, celui de la passion sensuelle avec Jeanne Duval et celui spiritualisé avec Apollonie Sabatier à qui il vouait une adoration quasi-mystique.
En 1857, le recueil Les Fleurs du mal, mûri depuis tant d’années, paraissait enfin pour être, moins de deux ans plus tard, condamné pour immoralité. S’empressant de remplacer les poèmes incriminés dans une nouvelle mouture, Charles, miné par la maladie, abusant de l’opium et du haschich, était cependant contraint de produire avec fièvre de quoi alléger ses dettes. Son génie n’en éclatait pas moins. Les Paradis artificiels parurent en 1860.
Exilé en Belgique (1864) dans l’espoir d’une fructueuse tournée de conférences pour, là encore, payer ses dettes, il n’obtint pas le succès escompté et végéta à Bruxelles, s’obstinant à écrire quelques Poèmes en prose et résolu à ne rentrer que glorieusement en France.
Mais, très malade, victime d’une attaque cérébrale, transporté à Paris aphasique et à demi-paralysé, il devait y mourir dans une clinique de Chaillot, laissant derrière lui le refus « d’un monde où l’action n’est pas la sœur du rêve », le spleen baudelairien et la magie des mots dans ses correspondances, comme une « sorcellerie évocatoire », élément clé de sa poésie.
Une quarantaine de personnes, dont sa mère, suivit son convoi jusqu’au cimetière du Montparnasse où il fut inhumé dans la même tombe que son beau-père, au-dessus de lui.
Sépulture très simple, avec une stèle comportant trois noms. Le sien, coincé entre les cursus matrimonial de sa mère et social de son beau-père, ne présente que le lien avec cet homme détesté :
« Charles Baudelaire, son beau-fils… ». Comme muselée, pas la moindre évocation à sa qualité de poète.