DEBAUVE Sulpice (1757 – 12 avril 1836)
Cimetière du Père-Lachaise, 32ème division (Paris)
Alors que le 19ème siècle voyait l’éclosion de l’industrie chocolatière à grande échelle, comme Menier ou Poulain, des entreprises, qui avaient précédé ce « boum » du cacao, conservèrent leur fabrication artisanale. Parmi elles, l’entreprise du chocolatier Sulpice Debauve dont la boutique continue à faire saliver les amateurs de douceurs chocolatées.
Certes, au grand bonheur de Marie-Antoinette, il mit au point « une nouvelle combinaison de cacao, de sucre de canne, et de médicament, après que Marie-Antoinette se fut plaint à lui du goût désagréable des médicaments qu'elle avait à prendre. » Puis, pour satisfaire sa clientèle royale, installé dans un bâtiment du château de Saint-Cloud, il réalisa des chocolats en forme de pièces de monnaies que la souveraine d’empressa de nommer « Pistoles » et que Debauve continua à lui créer déclinés dans différentes saveurs.
Mais la petite histoire rappelle au passage que Sulpice tenait peut-être son savoir-faire de son bien oublié arrière-arrière-grand-père, David Chaillou (1628-1687), à qui Louis XIV donna, en 1659, le titre de «Chocolatier du Roi » lui accordant le privilège exclusif de fabriquer et vendre du chocolat en France. Il était le premier du genre.
Se faisant discret pendant la Révolution, la chute de Robespierre, puis la protection de Joséphine de Beauharnais lui permirent de reprendre son activité commerciale et de régaler les nouveaux faiseurs de l’Histoire…et de son succès.
En 1800, il ouvrit sa première chocolaterie sur la rive gauche de Paris, au Faubourg Saint-Germain. La gourmandise de qualité ne faisant pas de politique, après avoir été le fournisseur de Napoléon Ier, l’entreprise fut nommée unique fournisseur de chocolat de la famille royale, se vit décerner, en 1819, le titre de fournisseur attitré de la cour de France, et fut le fournisseur officiel en chocolats de Louis XVIII, Charles X, et Louis-Philippe.
En 1819, la maison Debauve déménagea dans sa nouvelle boutique rue des Saints-Pères où, classée monument historique, elle existe encore près de deux siècles plus tard affichant toujours son décor précieux.
Les fameuses « Pistoles » toujours et encore...
© Oderik
En 1823, il s’associa avec son neveu, Jean-Baptiste Auguste Gallais (1787 – 1838) , également pharmacien, avec lequel il mit au point des chocolats diététiques, dits « chocolats de santé » - fait avec du lait d'amandes, la vanille et l'eau de fleur d'oranger.
On doit à Gallais, en 1829, l’invention de la presse à dégraisser permettant une meilleure extraction du beurre de cacao de la masse de cacao.
Au fil du temps, l'entreprise a construit un véritable culte parmi les gourmands, les aristocrates, les artistes, les écrivains et certaines célébrités. De nos jours, la maison Debauve & Gallais peut s'enorgueillir d’au moins deux choses : d'avoir été l'un des rares anciens fournisseurs royaux en France encore existant et, surtout, d’être restée indépendante puisque la famille du fondateurs possède et exploite encore l'entreprise. Depuis 1989, celle-ci a développé son activité à l’étranger avec des boutiques à travers le monde. Du fond de sa tombe, le fondateur ne peut que se réjouir d’une telle réussite familiale.
Sulpice Debauve fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise où l'on peut lire sur sa sépulture qui ne manque pas de charme : « Propriétaire ancien pharmacien ».
© MCP
8 janvier 2016
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par Marie-Christine Pénin
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