Le courage dont il fit preuve dans l’aventure qui commençait allait le porter au-delà de ses espérances. Présent et se distinguant dans toutes les batailles importantes dans le Nord et sur le Rhin de 1793 à 1799, cueillant de nouvelles palmes au fur et à mesure de ses exploits, il fut nommé gouverneur de la forteresse de Mayence (1798). Mais, gravement blessé à Pfullendorf le 21 mars 1799, il quitta l’armée et, la même année, devint gouverneur militaire de Paris. Désigné par le Conseil des Cinq-Cents comme candidat au Directoire, il ne fut pas élu. Rallié à Bonaparte, il joua un rôle important durant le coup d’Etat de Brumaire. Fait de suite sénateur, créé maréchal de France honoraire (1804), son âge, son expérience et sa parfaite connaissance des règlements d’infanterie firent que Napoléon préféra l’employer à l’arrière.
Lefebvre retrouva les champs de bataille en 1806.Présent à Iéna, assiégeant Dantzig et devenant duc de Dantzig à la capitulation de la ville (1808), malgré l’âge et les infirmités physiques, ce remarquable meneur d’hommes fut envoyé en Espagne. Victorieux à Durango, il prit Bilbao et Santiago, battit les Anglais à Guesnes et à Valmaceda, et prit Ségovie. Revenu en Allemagne pour la campagne contre l’Autriche, il fut mis à la tête des Bavarois, puis à celle de l’armée du Tyrol avec laquelle il ne put, néanmoins, venir à bout de la guerilla menée par Andreas Hofer (1767-1810).
Pendant la retraite, marchant à pieds au milieu de ses hommes, il les galvanisait par son exemple.
Epuisé, il ne participa pas à la campagne de 1813 en Allemagne, mais commanda une dernière fois la vieille garde en 1814. Il ne quitta Napoléon qu’après avoir assisté à l’entrevue de ce dernier avec MacDonald venu lui demander son abdication.
Ecœuré de l’Empire et par ces « tas de bougres qui entouraient l’Empereur », il vota la déchéance de l’Empire au Sénat, fut fait pair de France par Louis XVIII (1814), mais se rallia à Napoléon durant les Cent-Jours. Eloigné des champs de bataille par son âge et ses infirmités, il resta à la Chambre haute et fut exclu de la Chambre des pairs lors de la Seconde Restauration avant d’y être de nouveau intégré.
Le 13 septembre mourait Kellermann. Le lendemain ce fut au tour de Lefebvre. De son vivant, il avait choisi l’emplacement de sa tombe, près de son ancien compagnon d’arme, Masséna. Son monument est orné d’un bas-relief et d’un médaillon signés David D’Angers.
Ce dur à cuire était aussi célèbre pour ses manières rudes, son franc-parler et… sa femme.
Que n’a-ton pas raconté et écrit sur Catherine Hubscher (1753-1835) devenue Madame Sans-Gêne sous la plume de Victorien Sardou en 1893. Pourtant, lorsqu’il écrivit sa pièce, l’objet d’inspiration de Sardou n’était pas la maréchale mais une femme-soldat, Marie-Thérèse Figueur (1774-1861), célèbre en son temps, dont le souvenir s’était presque effacé. Mais, ayant, pour des raisons dramaturgiques, semble-t-il, choisi d’attribuer ce surnom à Catherine Lefebvre, dans la mémoire collective le regain de popularité qui lui était dédié bénéficia à la maréchale qui, à sa façon, n’usurpait le titre.