Il renonça à l’Ecole normale supérieure pour s’essayer, sans succès, à la poésie. Après des emplois très modestes et la misère, il se maria (1888). Grâce à la dot de sa femme, il put de nouveau se consacrer à l’écriture. Lorsqu’en 1889 de jeunes écrivains fondèrent le Mercure de France, Jules, qui en était l’un des principaux actionnaires, y devint à la fois critique et prosateur, rédacteur en chef et administrateur.
En pleine période de production, le succès arriva enfin avec L'Écornifleur (1892). Deux ans plus tard, il signa son ouvrage le plus célèbre, Poil de carotte (1894), histoire d’un enfant grandissant entre la haine maternelle et l’indifférence paternelle, qui tient du règlement de compte.
Il loua une maison à Chaumot, dans le Nivernais où, s’y rendant le plus fréquemment possible, il puisait son inspiration.
Ses portraits incisifs, ironiques et parfois cruels, montrent une œuvre non dépourvue d’une certaine méchanceté et frénésie comme s’il voulait enchanter le monde mais qu’il ne parvenait qu’à l’interpréter. Un rictus à la place d’un sourire, en quelque sorte.
Dans Histoires Naturelles (1896), il humanisa les animaux et animalisa les hommes.
Auteur à succès de nouvelles, romans, et pièces de théâtre, reçu à l’Académie Goncourt (1907), on dirait presque qu’il avait tout réussi. Et bien, non.
Elu maire de Chitry (1904), comme l’avait été son père, il se découvrit une âme sociale et s'engagea dans la lutte contre l'ignorance en se battant pour instaurer la gratuité des fournitures scolaires. Il soutint Emile Zola dans l’affaire Dreyfus, milita pour le pacifisme et l’anticléricalisme qui apparaît dans sa pièce La Bigote (1909). A titre posthume, parurent, entre autres, son Journal, qu’il tint de 1897 à sa mort, fait d'introspection, d'ironie, d'humour, de nostalgie et mine d'information sur la vie littéraire, et Correspondance, rassemblant des lettres écrites à sa famille, à ses amis, à ses confrères, etc.
Après plusieurs alarmes, Jules Renard mourut à Paris d’une artériosclérose. Il fut Inhumé civilement au cimetière de Chitry-les-Mines où l’avaient précédés :
-son père, François Renard (1824-1897), entrepreneur de travaux publics, libre-penseur, qui se suicida d’un coup de fusil ;
-sa mère, Anna Rosa Colin (1836-1909), travaillée par le spectre de la folie, qui décéda d’une chute dans le puits de son jardin sans qu’on sache s’il s’agissait d’un accident ou d’un suicide ;
-son frère Maurice (1862-1900), qui succomba à une crise cardiaque.
C’est à l’occasion de son décès que Jules fit tailler une tombe en forme de livre ouvert notamment entretenue par l’association « Les Amis de Jules-Renard ».
Sa femme, Marie Morneau (1871-1938), qui lui donna deux enfants, et sa fille Julie Marie (1892-1945), sont dans la même sépulture.
Non loin des Renard, reposent Simon Chalumeau et Marie Perrin, engagés par l’écrivain pour l’entretien de la maison de sa mère et la sienne, et qu’il immortalisa dans son œuvre sous les noms de Ragotte et Philippe, comme le rappelle la plaque sur leur modeste tombe.