De 1835 à 1847, il parcourut l’Europe et se produisit dans des concerts qui lui apportèrent la gloire, l’argent et l’admiration du public féminin : de Berlin à Constantinople, de Moscou à Paris, il déchaîna l’enthousiasme lors de prestations qui fascinaient les spectateurs. Bref, Liszt fut l’une des premières vedettes internationales qui déclenchèrent de véritables manifestations d’hystérie collective. Ce furent ces voyages qui lui inspirèrent son cycle de recueils pour piano intitulé Années de pèlerinage.
Personnage diabolique, que Gautier croyait sorti d’un conte d’Hoffmann, la princesse Belgiojoso (1808-1871) résuma le statut exceptionnel de l’artiste à l’issue d’un duel pianistique qu’elle organisa en 1837 entre Liszt et Thalberg : « Thalberg est le premier pianiste du monde, Liszt est le seul. » C’est ce qui rendit encore plus remarquable le renoncement à la gloire à partir de 1847. En cela, il fut un bon représentant des idéaux de la génération romantique, constamment tiraillé entre la vie mondaine et les aspirations mystiques, entre l’amour que lui portaient les femmes et les visions célestes qu’il exprima dans les Harmonies poétiques et religieuses. En décidant de ne plus passer pour un « amuseur public », il abandonna sa carrière de virtuose et s’installa à Weimar. Il y dirigea de nombreux concerts et s’y livra à la composition, créant notamment le genre du poème symphonique.
De plus en plus attiré par le catholicisme, il reçut les ordres mineurs en 1865 et devint « l’abbé Liszt ». Il
renoua avec sa vie errante et partagea son temps entre Rome, l’Allemagne, Budapest.
Professeur de piano à l’Académie de musique de Budapest, il composa de nombreuses pièces religieuses et rompit plus ou moins nettement avec sa vie passée : loin des prouesses du virtuose, il écrivit des œuvres de plus en plus dépouillées et austères.
Mort à Bayreuth, trois ans après son gendre et ami Richard Wagner, sa fille, Cosima Wagner, veilla à ce qu’il soit correctement inhumé dans le cimetière communal de Bayreuth. Sa tombe se situe dans une chapelle.