En 1831, après une insurrection violemment réprimée par la Russie tsariste de Nicolas Ier, la Pologne fut mise au pas sous le joug russe. Plusieurs milliers d’insurgés partirent en exode vers la France où ils bénéficiaient d'une grande sympathie et de secours officiels.
Chopin avait pris ses premières leçons de piano avec sa mère, avait débuté sa carrière en Pologne et à Vienne. Des circonstances dramatiques l’amenaient à la poursuivre en France. Sans être lui-même un réfugié de l'insurrection, il n’en devint pas moins une figure importante du mouvement national polonais.
Il était à Paris, dont il avait toujours rêvé. Un retour aux sources de son père, Nicolas Chopin, Français émigré en Pologne. Ce fut chez Camille Pleyel qu’il se produisit pour la première fois en public dans la capitale. Un succès.
Lié amicalement à Liszt, Berlioz, Heine et Musset, il était notamment accueilli dans les salons polonais. Donnant des leçons, il trouva parmi ses admiratrices, souvent bonnes musiciennes, de ferventes propagatrices de son œuvre. Publiant ses œuvres, professeur, jouant dans les salons réputés, devenu une personnalité mondaine, il recevait, fréquentait les bons restaurants, amusait la galerie. Son grand train de vie était néanmoins entrecoupé de périodes de réclusion en raison des atteintes de la tuberculose. En dix-huit années de vie parisienne, Chopin se produisit dans dix-neuf concerts, mais ne joua en soliste que quatre fois seulement.
En 1836, eut lieu la rencontre avec George Sand, point de départ d’une liaison jugée scandaleuse de près de dix ans, même si leur intimité fut bien plus brève. A Majorque, où George Sand l'emmena passer l'hiver de 1838, il peaufina la plupart de ses Préludes où l'on retrouve ses trois qualités essentielles : passion, lucidité, concision. La romancière l'invita ensuite dans sa maison de Nohant en même temps que d’autres intimes. La Révolution de 1848 mit un terme définitif à leur relation. Tandis que Chopin prenait des distances avec les socialistes, George Sand engageait sa plume en faveur du mouvement républicain.
Travailleur acharné remaniant sans cesse ses partitions, compositeur aux antipodes de la facilité, sérénité et violence alternent dans son œuvre comme un condensé de la nature même du musicien. Génie multiple à la mesure d'« une nature intensément passionnée » qui le poussait à transcender ses fantasmes et ses drames personnels, Chopin annonçait les bouleversements qu'apportèrent par la suite Ravel et Debussy.
Mais la maladie lui donnait de moins de répit. Epuisé, au retour d'une tournée en Grande-Bretagne, le 24 novembre 1848, il lui restait moins d'un an à vivre. Le 29 septembre 1849, on le transporta dans un bel appartement ensoleillé au 12 de la place Vendôme où il s’éteignit.
Il s'était opposé à toute publication posthume de ses musiques inachevées et demanda à ce qu'elles soient brûlées après sa mort.
De même il avait émis le désir que soit interprété le Requiem de Mozart lors de ses funérailles qui eurent lieu en l’église la Madeleine seulement le 30 octobre pour permettre aux personnes éloignées d’être présents. Trois mille invités assistèrent à la cérémonie grandiose dont était absente George Sand.