Qu’importe ! Il eut la charge de la défense du duc du Châtelet, de Mme Roland et de Charlotte Corday : des causes perdues d’avance. Malgré cela, pour Charlotte, il eut l’audace, devant un public menaçant, d’expliquer, sinon de justifier, le geste de sa cliente par « l’exaltation du fanatisme politique « qui l’avait contrainte à son geste homicide. Il assuma le défense des Girondins et notamment celle de son ami Brissot, chartrain comme lui et presque du même âge. Puis, aidé de Tronson du Coudray, il assista Marie-Antoinette lors de son "procès". Tandis que Tronson devait répondre à l'accusation, portée contre la reine, de complicité avec les ennemis de l'intérieur, Chauveau-Lagarde devait la défendre du chef d'intelligence avec l'étranger. Avec noblesse, il tenta l'impossible : "Rien, dit-il en achevant, ne saurait égaler l'apparente gravité de l'accusation, si ce n'est peut-être la ridicule nullité des preuves..." Après la sentence, il se vit convoquer, avec son confrère, devant le Comité de sûreté générale et accuser d’avoir trop bien défendu la reine…
Condamnée elle aussi sans besoin de plaidoirie, il ne put s’entretenir avec Mme Elisabeth avant son procès.
La loi du juin 1794 ayant supprimé tout droit à la défense pour les accusés, il retourna à Chartres où il fut arrêté. Il échappa de peu à la mort grâce à la chute de Robespierre, le 9 thermidor.
Mêlé à l’insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795) et condamné à mort par contumace, il attendit que la tourmente s’apaise pour se constituer prisonnier. Jugé et acquitté, il put de nouveau exercer sa profession.
Après avoir été l’avocat talentueux et courageux des causes perdues d’avance de la Révolution, Chauveau-Lagarde eut la satisfaction de plaider celles d’une clientèle exposée à un mauvais sort mais qui cette fois avait une chance. Il est vrai que les circonstances s’y prêtaient davantage. Ainsi réussit-il, en 1797, à obtenir l’acquittement de plusieurs autres comploteurs royalistes. En revanche, il ne put sauver la tête de tous les soi-disant ravisseurs de Clément de Ris, une sombre affaire qui se déroula en 1800.
Avocat brillant, alliant audace et éloquence, il servit aussi les intérêts des généraux Jourdan et Dupont. Sous la Restauration, il devint avocat au Conseil du roi, président du Conseil de l'ordre des avocats et fut nommé conseiller à la Cour de cassation en 1828.
Chauveau-Lagarde fut inhumé au cimetière du Montparnasse. La stèle de sa tombe rappelle le souvenir de sa plus illustre cliente.