Tout le monde connait les animaux qui ornent les pieds des gisants : chiens et lions pour les plus représentés, mais aussi licornes, dragons, colombes, furets, etc. Tout un bestiaire réel ou fabuleux et essentiellement légendaire issu de récits mythologiques, de fables édifiantes et notamment de paraboles sacrées pour l'art funéraire médiéval. Le symbolisme animal ne reflétait pas les animaux pour eux-mêmes mais l'idée que s'en faisait l'homme et, peut-être, l'idée qu'il se faisait de lui-même. Il était supposé apporter sa protection dans l’au-delà ou, parfois aussi, protéger les vivants du retour des morts.
Mais d’où vient cette tradition qui fit son apparition au 13ème siècle avant de disparaitre avec la Renaissance ?
Il faut la chercher dans une autre représentation, celle des quatre évangélistes, dit aussi les quatre vivants, (Mathieu, Marc, Luc et Jean) que l’on trouvait aux tympans des portails d’églises accompagnés des animaux symbolisant les quatre animaux ailés tirant le char de la vision d’Ezéchiel :
-Mathieu, dont l’évangile commence par la généalogie humaine du Christ, est représenté par l’homme ou l’ange.
-Marc, dont les premières lignes de son récit parlent de la voix qui crie dans le désert, est désigné par un lion.
-Luc, dont les premiers versets de son évangile fait allusion au sacrifice fait par Zacharie, est représenté par un bœuf ou un taureau, animal symbolisant de façon traditionnelle le sacrifice.
-Jean, dont le début du texte nous place en face du Verbe, de la « vraie Lumière », du mystère céleste, est figuré par un aigle.
Ces quatre « êtres vivants » composent le tétramorphe, nom repris pour qualifier les animaux aux pieds des gisants : on parle d’animaux tétramorphes.