Une affaire dramatique pour la couronne
1785. Le scandale que déclencha « l’affaire du collier de la reine » atteignit le couple royal de plein fouet et fragilisa davantage la couronne déjà mise à mal par la haine que Marie-Antoinette inspirait au peuple qui l’accablait de tous ses maux. La grave erreur de Louis XVI, poussé par la reine, fut de vouloir innocenter cette dernière des accusations portées contre elle en portant l’affaire devant le Parlement.
L'affaire simplifiée
Leur projet était de faire main basse sur un fabuleux collier créé par les bijoutiers Böhmer et Bassenge, d’en dessertir les pierres et bien sûr de disparaître.
Exploitant l’espoir démesuré du cardinal de Rohan pour gagner les grâces de la reine, les La Motte réussirent à le convaincre que la comtesse, jouissant de la confiance de Marie-Antoinette, pouvait intercéder en sa faveur. Grâce à de fausses correspondances émanant soi-disant de la reine et aux propos tenus par la comtesse, le cardinal se persuada que Marie-Antoinette s’intéressait à son sort et songeait même à lui comme Premier ministre, fonction qu’ambitionnait Rohan depuis longtemps.
Pour lui prouver qu’il avait dorénavant la confiance de la souveraine, la comtesse lui fit croire que Marie-Antoinette le chargeait d’acquérir secrètement le collier qu’elle avait refusé d’acheter officiellement à cause de son prix : la reine s’engageant à le rembourser par traites.
Etonné que la reine ne lui montrât pas plus ostensiblement la fin de sa disgrâce et encore hésitant, le cardinal exigea de la rencontrer. La chance sourit aux escrocs en la personne de Marie Nicole d’Oliva, une jeune actrice qui tirait profit de sa ressemblance avec la reine. La rencontre entre le cardinal et « la reine » eut lieu de nuit à Versailles dans le bosquet de Vénus et la supercherie fonctionna : l’affaire du collier était en marche.
Lorsque le pot aux roses fut découvert, Louis XVI, prit le risque de faire éclater l’affaire en plein jour en la mettant entre les mains du Parlement : il pensait que celui-ci reconnaîtrait la culpabilité du cardinal ce qui innocenterait la reine de toute implication. Erreur.
Le Parlement ne suivit pas le roi : en innocentant le cardinal considéré comme victime d’une escroquerie, il désavouait la reine d’une façon redoutable car, hormis le cardinal, les autres protagonistes se réduisaient à un charlatan, un aigrefin, une courtisane et à un couple d’escrocs.
Le scandale alimenté par le fleuve de boue qui s’en suivit frappa Marie-Antoinette, déjà en mal d’amour populaire, du sceau de l’infamie d’une façon irrévocable. Bien des années auparavant, dans « l’affaire des poisons », Louis XIV avait eut l’intelligence d’éviter le scandale en protégeant les protagonistes de l’affaire, appartenant à la Cour, d’un procès public qui aurait inévitablement éclaboussé la royauté. Il régla leur sort lui-même. Louis XVI n’eut hélas pas cette sagesse.