Et Dazincourt d’y débuter en 1776. Leste, pimpant, de figure distinguée avec un jeu plein de goût et de finesse, il réalisait le type parfait du « valet de bonne compagnie », mais s’illustra aussi dans de nombreux autres emplois, et fut reçu sociétaire en 1778. Quelques années plus tard, il eut la bonne fortune de créer le rôle de Figaro, du Mariage de Figaro et du Barbier de Séville de Beaumarchais, qui établit définitivement sa réputation. Coqueluche de Marie-Antoinette, il donna des leçons de comédie à son petit groupe d’intimes et joua dans son théâtre. Malgré les affres de la Révolution, il conserva sa gaieté jusqu’à ce qu’on l’on prévienne des dangers encourus par les comédiens. Refusant de fuir, il fut arrêté le 3 septembre 1793 en même temps que d’autres de ses camarades pour avoir été, comme seul crime, « comédien du roi » et royaliste. Libéré à la chute de Robespierre, il intégra le théâtre Feydeau jusqu’à la réouverture de la Comédie française (1799). Vers la fin de sa carrière, l’embonpoint lui fit renoncer aux rôles de jeunes valets pour ceux de vieux domestiques.
Excellent professeur, lorsque Napoléon réorganisa le Conservatoire (1807), il en fut l’un des enseignants et se vit confier la direction des spectacles de la cour impériale. C’est en cette qualité qu’il fit un voyage à Erfurt (1808) alors qu’il était déjà malade et en proie à la fièvre. Il mourut à Paris. Presque tous les artistes des théâtres de Paris, et un grand nombre d’autres personnes l’accompagnèrent au cimetière de Montmartre, dit alors du Champ du Repos, où il fut inhumé. Son tombeau, le long du mur sud (act. 14ème division), érigé par les bons soins de sa maîtresse, l’actrice Eulalie Desbrosses, était de forme antique et surmonté d’une urne et d’une couronne de lauriers. Il était entouré d’une grille qui renfermait un petit jardin planté de rosiers et d’arbres. Sa tombe existait encore dans les années 1860.
Son épitaphe indiquait :
A LA MÉMOIRE DE
JOSEPH-JEAN-BAPTISTE-ALBOUY DAZINCOURT,
COMEDIEN FRANÇAIS DE S. M. L’EMPEREUR ET ROI,
PROFESSEUR AU CONSERVATOIRE,
ET DIRECTEUR DES SPECTACLES DE LA COUR.
NE A MARSEILLE LE II DECEMBRE 1747.
MORT A PARIS LE 28 MARS 1819.
Par Eulalie DESBROSSES, son amie.
Et gravé en lettres d’or sur une plaque de marbre noir:
Du théâtre français l’honneur et le soutien,
Digne successeur de Préville,
Homme de goût, homme de bien,
Aimable à la cour, à la ville ;
Ami vrai, délicat, sensible, généreux,
Il réunit sur sa cendre chérie
Et les regrets des enfans de Thalie,
Et les larmes des malheureux.
Il est probablement le plus célèbre des comédiens de la plaque commémorative.