►GUILLAUME (LES)
Principalement exécuteurs à Paris de 1594 à 1687, par un arrêt du Parlement, daté de 1608, lui défendant de livrer aux chirurgiens la dépouille des suppliciés sans la permission du doyen de la faculté de Médecine, on peut pour la première attester la propriété de l’office d’exécuteur de Paris à Jean Guillaume.
A la mort d’André Guillaume (1687), bourreau depuis 1674, la charge fut alors reprise successivement pour deux périodes très brèves, par son neveu, Jean Carlié, puis par un dénommé Levasseur destitué pour proxénétisme.
Le 23 septembre 1688, le premier de la dynastie des Sanson, obtenait « d’exercer seul » l’office d’exécuteur des hautes-œuvres de Paris. Il fallut attendre la révocation du dernier de la lignée, en 1847, pour que la charge soit confiée à d’autres, dont le premier fut Charles-André Férey. Nul doute qu'ils eurent leurs sépultures à Paris, au moins pour partie. Lignée très mal renseignée, je n’ai pas trouvé la moindre trace de résidence déterminant une paroisse possible.
►FÉREY (LES)
Se partageant la Normandie avec les Jouënne, ils paraissent être venus de Vire à Rouen au 17ème siècle. Et c’est à bien à Rouen, l’office le plus important de Normandie, que l’on trouve le plus de représentants de cette famille : douze se succédèrent de 1725 à 1847. On les retrouve officiant à Aix-en-Provence, Caen, Vire, La Rochelle, Guéret, Pont-Audemer, Rennes, Chinon, Blois, Nantes, Orléans, Angers, Coutances, Beauvais, Caudebec-en-Caux, Provins, Melun, Provins, Pontoise et Paris.
Nonobstant des passages de courtes durées dans d’autres villes, cette dynastie fut relativement « sédentaire », principalement présente en Normandie et dans l’ouest du pays.
A Rouen, jusqu’au moins 1850, ils résidèrent quasiment à la même adresse qui dépendait de la paroisse Saint-Patrice où furent enregistrés différents actes inhérents à cette famille dont celui de décès de Charles André Louis Férey (1762-1811). Il fut probablement inhumé au cimetière Beauvoisine, créé en 1783 pour les paroisses Saint-Romain et Saint-Patrice et qui ferma définitivement 1893.
►FÉREY Charles-André (1785- ?)
A la révocation du dernier des Sanson, Henry-Clément, en 1847, on fit appel à Charles André Férey, alors exécuteur à Rouen, où il avait succédé à son père, en 1811. L’exécution de Daix, Lahr et Chopart (1849), assassins du général Bréa (1790-1848) et de son aide de camp sonna sa fin. L’exécution devait avoir lieu, le 16 mars sur le lieu du crime à la barrière de Fontainebleau. Pour faire face aux manifestations, un service d’ordre gigantesque, composé de plus de 20.000 hommes avec plusieurs batteries d’artillerie, avaient été mobilisé pour former le cortège menant les condamnés du fort de Vanves à leur lieu de supplice. Problème, on ne trouva pas Férey pour lui signaler qu’il était de service ce jour-là ! Faute de bourreau, les troupes commencèrent à faire mouvement provoquant une énorme pagaille. L’exécution eut lieu le lendemain 17 mars. Ce délai avait permis à Chopart de sauver sa tête. Convoqué au ministère de la Justice pour justifier son absence, il dut quitter son poste, puis on perd sa trace.
►HEIDENREICH Jean-François (1811 – 29 mars 1872)
Cimetière du Père-Lachaise, 65ème division (Paris)
Issu, lui aussi, d’une longue lignée d’exécuteurs dont les débuts dans la profession remontent peut-être à Georges Heidenreich, aide-bourreau à Strasbourg en 1591, la famille officia principalement en Alsace (Obernai, Sélestat, Colmar, Altkirch), même si l’on en trouve un à Grenoble ou un autre à Rouen.
Son père, François-Joseph, exécuteur depuis 1806, s’installa à Draguignan vers, ou en, 1814 date à laquelle il devint le bourreau de la ville et où il initia au métier ses deux fils, Joseph-Charles (1818-1841) et Jean-François, en les employant comme aides. A sa mort, pour subvenir aux besoins de sa mère et de sa fratrie, Jean-François lui succéda. En 1848, la réduction des postes provinciaux l’obligea à venir à Paris où il devint aide de Charles-Henry Férey et auquel il succéda l’année suivante comme maître des hautes-œuvres. « Colosse, célibataire et qui a la tournure d’un officier avec le cheveux coupés en brosse, les favoris courts », il en imposait. Bon ouvrier à la guillotine, avec l’exécution d’Humblot (1851), un garçon de dix-neuf ans qui avait égorgé sa maîtresse alors qu’ils faisaient l’amour, il devint le premier bourreau à guillotiner devant la célèbre prison de la Roquette.
Après avoir procédé à une exécution, il rentrait chez lui, prenait un bain puis se couchait, la tête enfiévrée, gardant parfois le lit deux jours durant. Il faisait parfois dire une messe à la mémoire des hommes qui étaient passés entre ses mains. Lecteur assidu de romans à l’eau de rose, il avouait s'arrêter souvent au milieu de ses lectures pour se promener, car ces histoires le faisaient pleurer. Ce cœur sensible n’en exerça pas moins sa charge sans faillir.
Parmi ses plus célèbres exécutions :
-Marie-Madeleine Pichon : unique femme exécutée devant la prison de la Roquette pour avoir torturé la fillette de son second mari, qui survécut à son long calvaire. Guillotiné le 21 janvier 1852, elle fut la dernière femme à l’être en public à Paris.
-Jean-Louis Verger, ancien curé qui poignarda en pleine messe l’archevêque de Paris, Mgr Sibour, sous prétexte qu’il était hostile au récent dogme récent de l'Immaculée Conception. Guillotiné le 30 janvier 1857.
-Felice Orsini et Pieri, auteurs d’un attentat contre Napoléon III. Guillotinés le 13 mars 1858
-Edmond Couty de la Pommerais, docteur empoisonneur à la digitaline. Guillotiné le 9 juin 1864
-Avinain, assassin et dépeceur qui, en regardant la foule massée autour de l'échafaud, lança son fameux « N’avouez
jamais ! ». Guillotiné le 27 novembre 1867.
-Jean-Baptiste Troppmann, assassin de huit membres d’une même famille. Guillotiné le 19 janvier 1870.
La dernière tête qu’il fit tomber fut celle de Gustave Brûlé, meurtrier et voleur, guillotiné à Versailles le 11 mars 1872.
Malade, il mourut peu avant son départ à la retraite. « Philanthrope, humain et d’une douceur singulière », il fut unanimement regretté.
Inhumé le 30 mars 1872 dans une tranchée gratuite au cimetière de Charonne, il en fut exhumé le 15 avril suivant pour son transfert au Père-Lachaise dans une concession perpétuelle achetée par une Mlle Françoise Flavie Dalban
(† 1879) qui y fut aussi ensevelie. Il repose de façon anonyme dans la chapelle où sa présence est simplement indiquée par cette épitaphe :
« Ici repose un noble cœur !!!
Né le 28 mars 1811,
Décédé le 29 mars 1872,
Regretté de tous ceux qui l’on connu
Priez pour lui »