D’une façon très récurrente, on constate que plusieurs membres d’une même famille étaient comédiens, qu’ils se mariaient entre gens de la profession, et que certaines familles, tel les Baron, se perpétuèrent sur trois ou quatre générations dont tous, bien évidemment, ne furent pas sociétaires. Un joyeux melting-pot qui rend parfois difficile à suivre la complexité des liens familiaux : un réel défi pour généalogistes !
Les lieux de sépultures : tentative de lutte contre l’adversité…
Être sociétaire ne conférant pas la gloire séculaire, nombre d’entre eux était déjà oublié des nouvelles générations à l’heure de leur trépas. Entre ceux qui ne firent qu’un bref passage, les dénués de talent, etc., l’amnésie collective était, et est encore, excusable.
En conséquence de quoi, malgré la découverte de nombreux inédits, il subsiste beaucoup d’inconnues dont la majorité le restera probablement à jamais, au moins pour les plus anciens.
17e et 18e siècles :
Jusqu’à la Révolution, les mariages, baptêmes, décès et sépultures étaient enregistrés par chaque paroisse concernée. Ces registres paroissiaux disparurent dans leur quasi-totalité, en 1871, lors de l’incendie de l’Hôtel de Ville de Paris où ils étaient conservés. Quant aux versions partielles existantes des décès et inhumations (originaux ou copies parcellaires), la majorité des acteurs décédés à Paris est passée par les trous de la passoire mémorielle.
Pour le coup, grâce aux registres paroissiaux conservés et mis en ligne, trouver des inhumations en province devient une partie de plaisir.
L’excommunication
De surcroît, il faut rappeler qu’à l’époque, de façon typiquement française, et plus particulièrement parisienne, les comédiens étaient voués à l’excommunication, sanction décidée par des évêques et non par le pape. En fait, il ne s'agissait pas exactement d'excommunication. Les textes des rituels des diocèses faisaient une distinction entre les excommuniés proprement dit et les pêcheurs publics notés d'infamie, tels que les comédiens, les prostituées, les personnes vivant en concubinage, les usuriers, les magiciens, etc. Mais, entre cette privation de la communion eucharistique et l'excommunication proprement dite, la différence était fort mince, en sorte que, pratiquement, c'était bien comme des « excommuniés » que l'on considérait les comédiens.
C’était, notamment, une conséquence directe de la professionnalisation et de la montée des femmes sur scène. Le harcèlement sexuel dont elles étaient victimes de la part de spectateurs privilégiés, se retourna contre la profession entière, dont la liberté de mœurs était cependant bien éloignée de la débauche.
Dans la pratique, seul le curé était juge de ce qu’il devait faire. Mais si sa tolérance était grande concernant la communion, le mariage et le baptême des comédiens, l’inhumation en terre consacrée posait un problème. Pour y accéder, le/la mourant(e) devait prononcer une phrase rituelle pour renier/abjurer son métier devant un prêtre : « Je promets à Dieu, de tout mon cœur, avec une pleine liberté d’esprit, de ne plus jouer la comédie le reste de ma vie, et quand même il plairait à son infinie bonté de me rendre la santé ».
Heureusement, nonobstant quelques cas célèbres -Rosimond, Adrienne Lecouvreur, Mlle Chameroy, Mlle Raucourt, ou encore Molière victime de la rancœur des religieux-, le prodigieux engouement du 18e siècle pour le théâtre minimisa la portée de ces anathèmes religieux.
Pour celle et ceux dont la date et le lieu de décès parisien sont connus, j’ai indiqué la paroisse dont il dépendait. A défaut d’affirmer leur présence dans l’église ou le cimetière, cela indique une piste sérieuse.
Seule la numérotation des vingt-sept premiers sociétaires (1680) est indiquée.
Malgré la célébrité toujours actuelle de certain(e)s sociétaires, cet article ne reprenant aucune biographie, même sommaire, je vous invite à consulter d’autres sources pour satisfaire votre curiosité.
Nommé(e)s sociétaires au 17ème siècle :
Portraits : uniquement pour les sociétaires dont le lieu de sépulture est certain.
►BARON fils, Etienne baron, dit (1676-1695-1711)
Paroisse Saint-Sulpice (Paris)
►BARON, Charlotte Lenoir de la Thorillière, dite Mlle (1661-1680-1730) (19ème sociétaire)
Eglise ou cimetière Saint-Sulpice (Paris)
►BEAUBOUR, Pierre Trochon, sieur de (1662-1692-1725)
Recherches en cours
►BEAUBOUR, Louise Pitel (v.1665-1685-1740)
Recherches en cours
►BEAUVAL, Jeanne Olivier, dame Pitel de, dite Mlle (v.1648-1680-1720) (18ème sociétaire)
Paroisse Saint-Sulpice (Paris)
►BEAUVAL, Jean Pitel sieur de (v.1635-1680-1709) (17ème sociétaire)
Paroisse Saint-Sulpice (Paris)
►BRÉCOURT, Guillaume Marcoureau, sieur de (1638-1682-1685)
Eglise ou cimetière Saint-Sulpice (Paris)